Dans la partie 1, je vous racontais notre arrivée au Népal, les préparations à Katmandou, et le long trajet en minibus jusqu’au début du sentier pour faire le tour des Annapurnas. On avait fait la connaissance de l’inspecteur, qui nous avait accompagnés jusqu’à notre point de départ du trek. L’endroit d’où on partait enfin pour notre premier jour de marche dans les montagnes…
→ Lire la première partie : 17 jours de trek au Népal : le tour des Annapurnas (partie 1)
Jour 1 : (Besi Sahar) Tal – Dharapani (suite)
« Dharapani that way? »
« No, landslide. Go back on jeep road. »
Damn…
Le premier kilomètre de notre trek de plusieurs jours a donc débuté par un retour sur nos pas. Bienvenue sur le tour des Annapurnas en saison des pluies. Et donc des glissements de terrain.
On a marché jusqu’à Dharapani sans autre souci. 12 km. 4 h 30 incluant nos pauses. Deux ponts suspendus. Beaucoup de chiens. Quelques lapins. Des poules. Et mon copain a jasé avec beaucoup de chèvres. Les premières de plusieurs.

Première nuit en guesthouse. Chez une famille bien accueillante. Le monsieur est venu jaser de notre itinéraire du lendemain avec nous.
Au coucher, surprise : une amie dans la chambre. J’ai ri un peu de mon chum d’avoir peur d’une araignée. J’ai arrêté de rire quand j’ai vu l’araignée. Hors de question qu’on dorme avec elle!
Jour 2 : Dharapani – Chame
Distance : 17,25 km
Dénivelé : ↗️ 1 055 m
Durée : 7 h 45
Altitude : Nuit à 2 670 m
Réveil assez tôt, déjeuner au guesthouse, rapides au revoir. On était prêts pour notre 2e journée de marche.


Un bon défi ce matin-là : la montée vers Timang était très à pic. Une de nos plus grosses journées de dénivelé.
Arrivés en haut : pause dîner. Qui a duré plus longtemps qu’on l’aurait cru. On en a profité pour prendre un bon thé et tenter de faire sécher nos vêtements trempés tellement on avait eu chaud. Mais c’est là que l’idée de mieux planifier nos dîners a commencé à germer.

Le souci ensuite était de savoir si on allait être capables d’atteindre Chame avant la noirceur… Notre bible des Annapurnas estimait la marche à 3 h 30. Le jeune au restaurant nous parlait de 3 h.
On l’a essayé, se disant qu’au pire on dormirait à Koto, le village situé un peu avant. Finalement, on est arrivés à Chame juste avant la noirceur, pile au moment où la pluie commençait.
Sur le chemin, on avait vu une publicité d’un guesthouse qui avait l’air vraiment bien. C’est vers lui qu’on s’est tout de suite dirigés.

Le propriétaire nous a accueillis, nous a montré une chambre au rez-de-chaussée. Ça semblait parfait! On s’est entendus sur le prix et ouuuuf, on a enlevé nos bottes.
Un 17 km à la 2e journée, alors que notre corps n’est pas encore habitué, ça se ressent, croyez-moi!
Après avoir pris une bonne douche chaude (et une glaciale pour mes pieds, oh que ça fait du bien), on est allés s’installer près du feu.
Il y avait d’autres voyageurs dans la salle commune, contrairement à la veille. On allait pouvoir jaser de la trail, de leur expérience jusqu’à maintenant, de leur plan de match pour les prochains jours…
Mais avant qu’on ait pu se joindre à eux, un jeune homme nous a abordés.
« How was your day guys? »
On s’est mis à discuter – et c’était parti pour le reste de la soirée.
Paul. Début vingtaine tout au plus. Il a grandi dans les montagnes. Son père était porteur et Paul l’accompagnait souvent.
On était justement en train de regarder la carte des Annapurnas quand il s’est joint à nous. Il nous a donné des conseils. De très bons conseils. Qui ont fait une différence positive dans notre aventure. Merci, Paul!
Autour de nous, les employés se sont mis à déplacer les tables pour faire de la place. Des décorations et un gâteau sont apparus. Plein de gens se sont mis à arriver.
Le propriétaire du guesthouse nous a expliqué que sa famille célébrait ce soir-là le départ d’un de ses frères pour l’Australie. Il s’en allait travailler là.
Ils ont commencé par manger du gâteau. On en a même eu une part! Puis, chaque invité a reçu une assiette de dal bhat. Et il y avait toujours quelqu’un pour s’assurer que la quantité dans les assiettes ne baissait pas trop.
Je vous ai dit déjà que le dal était à volonté. Mais là Paul nous a appris comment le demander en népalais. Et aussi comment dire plusieurs autres petites choses dans la langue locale. Des nouveaux mots qui nous seraient très utiles pour la suite. Il a aussi clarifié pour nous des éléments de la culture qu’on ne peut pas voir avec nos yeux d’étrangers. Un bon interprète culturel.
Jour 3 : Acclimatation à Chame
Distance : 10,25 km
Dénivelé : ↗️ 650 m
Durée : 5 h 15
Altitude : Sommet à 3 300 m – Nuit à 2 670 m
Ce matin-là, on s’est levés avec quelques courbatures. Et une petite fatigue. On était aussi un peu déçus de déjà quitter cet endroit, avec ces gens sympathiques.

Comme on avait beaucoup jasé d’acclimatation à l’altitude la veille et qu’il est possible de ressentir des symptômes dès 2 500 m (on était à 2 700 m), on a pris la décision de prolonger notre séjour à Chame pour bien s’acclimater.
Comment? En atteignant durant la journée une altitude plus élevée que celle à laquelle on dormirait le soir.
On s’est donc enlignés pour monter un petit sentier secondaire qui allait nous permettre d’atteindre un point de vue et de monter à 3 300 m. Pour revenir dormir à Chame, à 2700 m.


Petit? On a finalement fait 10 km dans un sentier ultra à pic par moments, et on n’a jamais trouvé le point de vue. J’avais les jambes en compote.
Retour au guesthouse pour un bon dîner. On a croisé Paul. « Ça vous dit d’aller aux hot springs? »
Oh que oui!
Hot springs qui doivent en temps normal faire tellement de bien. Mais un problème temporaire faisait que l’eau froide ne circulait plus. Le bassin était brûlant. Certaines personnes ont réussi à s’y asseoir quelques minutes – leur visage ressemblait à des tomates. Mes pieds en ont eu assez de quelques secondes.

En chemin, Paul nous a montré un raccourci pour le lendemain et s’est ouvert un peu plus sur sa vie et ses projets. Il nous a parlé de son rêve et des démarches entamées pour devenir guide de trek.
À voir la qualité des conseils qu’il nous a donnés, sa joie de partager les plus beaux endroits de la montagne, sa langue, sa culture, et son bon niveau d’anglais, je suis certaine qu’il fera un excellent guide. (@paulsgoingplaces)
De retour au guesthouse, on a sorti notre jeu de cartes. On a montré à Paul comment jouer à Monopoly Deal. Si vous cherchez un moyen de rassembler les propriétaires d’un guesthouse et leurs amis, sortez ce jeu. On s’est retrouvés avec une belle tablée! Une autre agréable soirée au Eagle Eye.
Ce n’était que notre 2e guesthouse sur le trek, mais j’avais déjà un coup de cœur.
(@eagle_eye_hotel_chame)
Jour 4 : Chame – Upper Pisang
Distance : 14 km
Dénivelé : ↗️ 843 m
Durée : 7 h 45
Altitude : Nuit à 3 300 m
Départ de Chame, après un bon thé, quelques photos et de beaux au revoir.



On a emprunté le raccourci proposé par Paul et on s’est lancés sur le sentier. On a croisé une pancarte après quelques minutes. Elle indiquait un sentier d’une heure et demie vers Phangdang Viewpoint. Ah tiens, le point de vue qu’on cherchait la veille?
En fin d’avant-midi, on est arrivés à la Farmhouse, un resort agrotouristique au milieu d’un verger de pommes. Les arbres ont été importés d’Italie il y a plusieurs années. On y a pris un jus de pommes et visité l’intérieur. C’était frappant le luxe qu’on retrouvait là, contrairement à la belle simplicité des guesthouses.
Peu après, on s’est trouvé un beau p’tit spot à l’ombre pour dîner. On avait demandé des chapatis et des omelettes masala pour emporter avant de quitter notre guesthouse et on s’est fait de bons sandwichs!

Beaucoup de marche sur la jeep road cette journée-là, quelques glissements de terrain et des ponts manquants… La montre disait qu’on avait monté 843 m et qu’on avait marché 57 km…
Elle avait clairement le mal des montagnes!
Pour le 57 km. Car le 843 m avait ben du sens. La différence entre nos points de départ et d’arrivée cette journée-là était de 600 m, mais il y a quelque chose d’important à noter pour ce trek : ça monte, oui, mais ça peut aussi descendre… durant la montée.
On a terminé la journée à Upper Pisang, à 3 300 m d’altitude et avec une vue superbe sur Annapurna II. Et ce, direct de notre chambre. Fenestrée sur tous les côtés. On a dormi les rideaux ouverts pour se réveiller avec les montagnes.


Car c’est tôt le matin qu’on avait le plus de chances de voir les sommets ces journées-là. Autrement, ils étaient cachés dans les nuages.
Cela a été notre plus belle chambre jusqu’à ce moment-là. À l’hôtel Royal Alpine.
Le propriétaire, Deorsé, et sa famille nous ont fait un feu dans la salle à manger. On a commandé un dal bhat et j’ai pu tester mes nouveaux mots en népalais : dherai mitho chha (c’est délicieux, j’en veux encore)!
On s’est limités à deux assiettes, mais la gourmandise aurait pu nous faire abuser, c’était tellement bon. C’est là que j’ai découvert les Lady’s Fingers, légume que je ne crois pas avoir croisé par le passé. Trèèèès bon. Et leurs pommes de terre. OMG qu’elles étaient bonnes!
Jour 5 : Upper Pisang – Ngawal
Distance : 12 km
Dénivelé : ↗️ 693 m
Durée : 6 h 30
Altitude : Nuit à 3 660 m
Départ de Upper Pisang. Notre hôte nous a indiqué le chemin pour traverser le village et rejoindre le sentier. On a débouché sur un long mur de moulins à prières. Un homme nous a salués et s’est engagé à gauche du mur. En faisant tourner chacun des moulins, en sens horaire.
On est restés en retrait, silencieux. On ne voulait pas s’imposer dans ce moment qui semblait être de recueillement.
Une femme est arrivée et nous a salués également. On a validé avec elle la direction à prendre pour rejoindre le sentier. Elle nous a dit de la suivre. Elle s’est engagée pour faire tourner les moulins à prières. En se retournant à plusieurs reprises pour me faire signe de la suivre. Je me sentais privilégiée de vivre ce moment. J’entendais la dame parler en même temps qu’elle tournait les moulins.


On est arrivés sur un sentier. Un vrai. Avec des fleurs autour. Pas un ancien sentier élargi en route pour jeeps et motos. Enfin. On était tellement heureux!
Notre joie a toutefois été de courte durée. Après un petit détour pour aller voir le Green Lake, on est retombés sur la route.
Green Lake. Un spot ultra tranquille. Où il n’y avait qu’un lodge. Il semblait encore en construction, mais on nous avait dit qu’il était prêt à recevoir. Je crois que ce sera un très bon choix pour les gens cherchant tranquillité et belle vue sur les montagnes. Je me voyais bien prendre un thé sur leur terrasse près du lac. Lac tenant toutefois son nom des algues qui le remplissent. Ne pensez pas vous baigner là!
C’est après cette section de route qu’on est arrivés AU PONT. Ce n’est pas le pont en soi qui nous a fait réagir, mais le sentier vers lequel il nous menait. Des switchbacks jusqu’au village qu’on voyait au loin. TRÈS TRÈS HAUT. En plein soleil.
Genre qu’on s’est dit qu’on n’y arriverait pas.
→ Lire la suite : Tour des Annapurnas : l’acclimatation à l’altitude (partie 3) – à venir


