En septembre 2024, je suis allée faire un trek de 17 jours au Népal.
J’avais tenté le même 5 ans plus tôt, en mars. Et après 4 jours de marche, la neige en altitude avait forcé tout randonneur à rebrousser chemin. Ne me laissant pas décourager, j’étais allée faire une boucle à la fin de ce même sentier.
Donc de ce grand U inversé qui peut prendre plus de 2 semaines, j’avais fait 4 jours d’un côté et 5 ou 6 de l’autre (pardonnez ma mémoire). J’étais repartie la tête pleine de sommets enneigés et de levers de soleil magnifiques, mais aussi accompagnée d’un sentiment de non-accomplissement (ça se dit?).
Depuis, je me disais qu’un jour j’allais le terminer, ce trek. Sans trop y croire.
Eh bien, c’est fait.
Ce trek, c’est le tour des Annapurnas.

Les Annapurnas
Il y a l’Annapurna I, l’Annapurna II, l’Annapurna III… Ils sont six au total, incluant le IV, le Gangapurna et l’Annapurna Sud. L’Annapurna I est le 10e sommet le plus élevé au monde, avec ses 8 091 m. Les autres font tous dans les 7 000 m. C’est haut.
Ce petit clan se situe dans le nord du Népal, au centre de l’Himalaya, à environ 200 km au nord-ouest de Katmandou. Et le sentier qui l’encercle se nomme le tour des Annapurnas.
Par le passé, ce sentier aurait été le seul accès aux villages en altitude. Les gens se déplaçaient à pied, et arrêtaient dormir chez les villageois pour couper leur trajet. Dans ce qu’on appelle aujourd’hui les guesthouses, ou les teahouses.
Aujourd’hui, la route – la jeep road – gagne du terrain.
J’avais fait plusieurs kilomètres sur la jeep road en 2019. J’en ai fait beaucoup plus en 2024. Pratique pour les gens qui habitent loin, un peu moins pour les randonneurs à la recherche de zénitude…
De nouveaux sentiers sont en développement, pour éviter les sections sur la route. On les voit sur la carte et on en parle dans le petit livre qu’on a acheté. Qui décrit (presque trop) bien les trails et les précautions à prendre pour bien s’acclimater à l’altitude. Une bonne raison pour acheter la documentation la plus à jour.
Mais route ou sentier, reste tout de même qu’on traverse de superbes paysages. Qui changent complètement d’un jour à l’autre : des rizières en terrasses, des villages de haute montagne, des forêts denses, des déserts d’altitude.
L’altitude et l’acclimatation
Le sentier passe par le col de Thorung La, à 5 416 mètres. L’un des plus hauts cols praticables au monde. C’est là qu’on prend la belle photo devant les drapeaux de prière. Et dans mon cas, qu’on redescend au plus cr*** parce que j’ai l’impression que ma tête va exploser.
L’altitude est un beau défi. Je vais parler plus loin des conseils qu’on a suivis pour bien s’acclimater. J’ai trouvé vraiment intéressant de découvrir tout ça plus en détail; faut croire que j’étais moins bien préparée la première fois (ou ma mémoire me joue des tours)… On est restés très alertes aux symptômes, on a agi en prévention (on avait le temps), on s’en est bien tirés. On a vu des gens moins bien traverser le plus haut point par contre. Rien de majeur, mais ça n’avait pas l’air le fun.
Durée du trek et guide
Ce trek se fait normalement en 12 à 21 jours, selon l’itinéraire choisi et le rythme de marche. Mais beaucoup d’options plus courtes sont désormais possibles vu que la jeep road se rend plus loin. Notez qu’il faut s’assurer de respecter la vitesse d’ascension recommandée. Certains vont prendre un 4×4 jusqu’à un point assez élevé pour économiser du temps, mais ça peut être trop rapide pour le corps et ces personnes doivent passer quelques journées à la même altitude, jusqu’à mieux se sentir, avant de pouvoir poursuivre. Ou de devoir redescendre.
« Assurer la sécurité des randonneurs. » C’est une des responsabilités d’un guide. Et cela fait partie des raisons énoncées pour justifier la règle qui a été mise en place en 2023 : depuis le 1er avril de cette année-là, un guide est obligatoire pour faire tout trek au Népal.
On a fait notre trek sans guide en septembre 2024.
J’ai adoré la liberté que cela procure et le sentiment de contrôle : combien de kilomètres fait-on aujourd’hui? Combien de mètres de dénivelé? Où arrête-t-on dormir? Est-ce qu’on prend la trail principale qui est plus rapide ou un petit sentier secondaire qui serait peut-être plus beau?
En contrepartie, il faut être bien préparé. On n’avait qu’une carte SIM. On aurait dû en prendre une deuxième d’une autre compagnie pour avoir plus de couverture réseau. On a acheté le livre Trekking the Annapurna Circuit d’Andres de Ruiter et Prem Rai qui décrit vraiment bien les trails et les précautions à prendre concernant l’altitude. On a discuté avec beaucoup de gens pour récolter telle et telle information à jour.
Et est-ce justement parce qu’on n’avait pas de guide que les gens venaient nous parler autant? Pour s’assurer qu’on était bien conscients de ce qu’on faisait? Nos hôtes dans les guesthouses. Les guides d’autres voyageurs croisés sur la route. J’ai vraiment aimé cette proximité qui s’est établie avec différentes personnes. Merci à ces gens qui ont rendu notre expérience mémorable.
Pourtant, ça dit en ligne que c’est obligatoire de prendre un guide… C’est ce qu’on croyait en arrivant, mais on nous a dit sur place que ce n’était pas toujours appliqué. On a posé la question à plusieurs reprises, et même en achetant notre permis de trek, c’était OK qu’on soit autonomes. À vérifier si ce sera encore ainsi pour longtemps.
Mais maintenant que j’ai rencontré plusieurs guides avec qui nous avons passé de bons moments, je me dis que selon la personne, ça peut rendre l’expérience vraiment le fun!
Quand partir?
Les périodes de trek les plus populaires pour cette région sont octobre-novembre (avant la neige) et avril-mai (avant les pluies). En septembre, c’est la fin de la saison des pluies. Le ciel reste souvent nuageux, il pleut encore souvent, mais la végétation est bien verte, c’est beau. La neige n’est pas encore là. Les gens non plus. À ce qu’on nous dit, quelques semaines plus tard ça devient un stress trouver un lit.
Mais nous, la foule sur la trail, on n’a pas connu ça. Au contraire.

Un trek de 17 jours
Jours -5 à -1
Il faisait noir quand on est arrivés à Katmandou. Notre hôtel était déjà réservé : dans Thamel, le spot à touristes. Mais surtout, le spot pour s’équiper adéquatement pour un trek au Népal. Comme on avait quitté le Québec pour une année de voyage sans trop savoir quels pays on visiterait, on n’était pas complètement équipés pour une randonnée de plusieurs jours.

À ce moment-là, on ne savait pas encore quel trek on ferait. Avec la saison des pluies qui n’était pas terminée, c’était un peu embêtant. On avait donc prévu aller jaser avec des guides.
Taxi de l’aéroport à l’hôtel. Une ride qui dit « bienvenue au Népal »! Ça roule vite, la route est bossée, il y a des voitures, des motos et des gens partout. Les règles de la route semblent bien différentes de ce qu’on connaît.
Un accueil tellement chaleureux. À l’aéroport, dans le taxi, à l’hôtel et par la suite dans la rue. On nous salue, nous demande d’où on vient, nous souhaite la bienvenue au Népal.

Durant ces 5 journées, on a mis l’accent sur notre préparation. Discussions avec des guides, choix du trek, permis, bagages et derniers achats, lieu pour laisser l’excédent de bagages, carte SIM fiable en montagnes, billet d’autobus, médicaments pour l’altitude, retrait d’argent comptant.
J’aborderai tous ces points en détail dans un autre article.
Jour 0
Ce matin-là, on a eeeeenfin terminé nos bagages. Pourquoi j’insiste sur le enfin? Parce que ça nous a pris du temps les faire…
Je me souvenais que la dernière fois, mon sac était trop lourd. Ça fait qu’on marche moins vite. Qu’on couvre moins de distance chaque jour. Et qu’on a mal. Partout.
J’ai lu quelque part qu’il fallait se limiter à 10 kg.
C’était notre objectif! Donc packte, pèse, dépackte, repackte, pèse, dépackte… Jeu super le fun pour trouver ce qu’on pouvait enlever. Au final, avec les bouteilles d’eau pleines, on est arrivé à quelque chose dans les 14 kg chacun. Ça allait devoir être ça, parce qu’on ne voyait pas ce qu’on pouvait enlever de plus.
Et c’est pour cette raison que je vais recommander à toute personne voulant aller faire un trek au Népal de bien s’équiper avant d’arriver sur place. Du moins pour certains éléments.

Taxi vers Gongabu Bus Park
De Thamel, ça nous a coûté 500 NPR de taxi pour nous rendre à Gongabu Bus Park, aussi appelé New Bus Park. Un peu plus cher que ce que j’avais lu, mais le taxi est venu nous chercher directement à l’hôtel. Et on n’a pas négocié, c’est l’employé à la réception qui l’a appelé pour nous.
À la station, on est venus nous accueillir au taxi. On nous a guidés vers le bon comptoir. C’était 950 NPR pour le bus. L’employé n’avait pas de change. C’est un autre monsieur, qui semblait juste accoté au comptoir pour jaser, qui a sorti la monnaie à nous rendre de son portefeuille.
On nous a ensuite accompagnés vers un minibus. Nos deux gros sacs bien packtés ont été hissés sur le toit, après qu’on leur ait mis leur rain cover, of course. Mais tsé, le rain cover ne protège qu’un côté du sac… et c’est la saison des pluies, on se souvient. Alors on s’est croisé les doigts pour que les toiles placées pour couvrir les bagages fassent bien leur job.

« Vous avez 10 minutes avant le départ, il y a un café avec des snacks par là. »
On aurait pu acheter notre billet de bus la veille, via une agence de voyages. On nous le faisait à 10 $ US, ce qui revient un peu plus cher que ce qu’on a payé. Est-ce qu’on aurait eu plus de confort? Genre de la clim?
Minibus vers Besi Sahar
Parce que là, on avait l’impression d’être dans un sauna. Un minibus local. Qui a fait beaucoup d’arrêts. Pendant 7 heures. Sur des routes qui me rappelaient celle vers mon chalet d’enfance sur une ZEC.
On a pris ça en riant, une chance!

Et une chance aussi qu’on a pris ce bus, malgré ce que je viens de dire. Parce que c’est là qu’on a fait la connaissance de l’inspecteur. Un autre passager, inspecteur de police au Népal, qui est venu jaser avec nous au premier arrêt. Et à tous les autres par la suite.
Très curieux de nos plans, et très avenant. « Il y a tel hôtel pour ce soir, demain vous pourriez prendre un jeep avec moi… » Et il a fait des appels pour nous aider avec le drone.
Le drone… Vous ne verrez aucune photo prise de haut par nous au Népal.
Tellement avenant, l’inspecteur, qu’on s’est demandé si on devait se méfier… pendant un instant. Avant de décider de croire en cette gentillesse toute simple.
On a suivi sa suggestion d’aller au même hôtel. À ce que j’ai compris, il a négocié pour qu’on paie le même prix que lui. On a pris le même transport que lui le lendemain. Il nous a aidés à négocier notre prix, ici aussi. Et on a terminé cette longue journée au restaurant de l’hôtel avec ce nouvel ami, à discuter tranquillement.
Avant de partir, tôt le lendemain, vers le début de notre longue marche.
Jour 1 : (Besi Sahar) Tal – Dharapani
Distance : 12 km
Dénivelé : ↗️ 400 m
Durée : 4 h 30
Altitude : Nuit à 1 860 m
C’est ce matin-là que l’aventure a commencé!!!!
Avec une ride d’environ 3 heures, au départ de Besi Sahar. En jeep 4×4. Et je comprends pourquoi! C’était comme dans un manège. Fallait se tenir!
À un moment, le moteur s’est arrêté. Dans un trou de bouette. Deux hommes sont sortis pousser. On roulait tellement près du précipice que parfois – comme à ce moment-là – ça faisait peur.

On a fait un arrêt pour dîner au Boon Waterfall Restaurant. Son nom vient de la superbe chute juste à côté.

On a regardé le menu. J’avais lu qu’un dal bhat pouvait prendre des heures à cuisiner et que le midi c’était plus rapide d’y aller avec des nouilles frites ou du riz frit.
J’avais aussi lu qu’il était préférable de commander la même chose quand on est plusieurs personnes – plus facilitant pour nos hôtes. On a donc commandé tous les deux des nouilles frites.
L’homme qui prenait les commandes a regardé l’inspecteur avec un regard qui semblait dire qu’on n’avait pas fait un bon choix. Sans trop poser de questions, on a modifié notre commande : « la même chose que l’inspecteur ». Gardons ça simple, qu’on s’est dit. On verrait bien ce qui nous serait servi!
C’est un dal bhat qui a été déposé devant nous. Si vous n’avez jamais goûté : c’est délicieux.

À la moitié du repas, l’inspecteur a interpellé l’homme. Qui est venu vers nous avec les chaudrons, et qui a rempli à nouveau nos assiettes. J’avais lu qu’on pouvait avoir du dal à volonté. Je l’avais maintenant aussi vu.
« Dal bhat power 24 hour. » Je comprends maintenant cette expression. Parce que tu manges tellement – jusqu’à ce que les chaudrons soient vides – que t’es OK jusqu’au lendemain! Et petit conseil : allez souper tôt si c’est ça que vous voulez manger.
Il nous restait encore un peu de route à faire après dîner. Puis, notre jeep nous a laissés à Tal, un petit village dans une vallée. En fait, sur la route en haut de Tal, la jeep road. Le village est situé 500 mètres plus bas.

Mais avant de faire le premier pas de notre trek, avant de se lancer pour on ne savait pas encore combien de jours, on a validé avec les gens sur place par où aller pour prendre la trail. Parce que tsé, imaginez commencer un trek en se trompant de chemin…
« Par en bas, suivez la route jusqu’au village. La trail commence après la dernière maison. »
C’est tout excités qu’on s’est lancés! J’ai parti la montre, qu’on puisse suivre nos stats. Et on a commencé – déjà – à s’émerveiller du paysage, du pont suspendu, des maisons du village…


C’est pas trop loin de l’entrée qui indiquait qu’on était bien à Tal qu’on a croisé un premier villageois.
« Dharapani that way? »
« No, landslide. Go back on jeep road. »
Damn…
→ Lire la suite : Tour des Annapurnas : des rencontres dans les montagnes (partie 2) – à venir


