Il est 8 h du matin. On vient de prendre place dans la navette qui va nous mener au point de départ de notre randonnée. Le chauffeur prend la parole. En anglais. Ou peut-être en slang néo-zélandais. Parce qu’à la fin de son speech, je regarde mon copain et je vois dans son non-verbal qu’il a aussi peu compris que moi. Sauf peut-être un « faites attention à ??? », et « soyez prudents quand vous passez à côté de ??? ». Bref, super rassurant!
Ce qu’on s’en va faire? Le Tongariro Alpine Crossing en Nouvelle-Zélande. NZ pour les intimes.
C’est quoi le Tongariro Alpine Crossing? C’est une randonnée d’une journée, qui s’insère dans un trek de 3-4 jours, le Tongariro Northern Circuit.
Long trek que j’aimerais tellement faire. Une boucle de 45 km (je préfère toujours les boucles). Mais à noter : il faut réserver les nuits en refuge. On a regardé des semaines à l’avance. C’était plein pour le reste de la saison. Alors si c’est dans vos plans, prenez-vous d’avance. Très d’avance.
Le Tongariro Alpine Crossing en NZ, c’est aussi une des randonnées qui m’ont le plus marquée. En raison de la beauté des paysages. Quand il fait beau. J’ai croisé un couple qui l’avait fait peu de temps avant nous. Ils ont de super belles photos… de nuages. Je vous montre ça plus loin! (Les paysages, pas les nuages.)
Une randonnée d’une journée. Mais une bonne journée. De 19,4 km selon la pancarte. De 22 km selon ma montre. Montre qui fabule parfois, mais mes jambes vous diront que c’est elle qui avait raison cette fois-ci. Des kilomètres de sentiers plats, de sentiers à pic. Sentiers parfois aménagés, parfois tracés sur une surface instable. Avec une gradation de paysages, du désertique à la forêt. De toute beauté.
Le Tongariro Alpine Crossing, NZ | La préparation
Premier conseil : y aller bien préparé.e.
Ce n’est pas une petite marche qu’on peut improviser.
Ça prend de bonnes bottes de rando
Idéalement qui soutiennent la cheville. Je ne blague pas, dans une des sections, j’ai vu probablement plus d’une dizaine de personnes tomber. C’est un endroit parfait pour se fouler une cheville. Heureusement, toutes les personnes que j’ai vues se sont relevées sans problème, mais leur descente a été longue et incertaine.
Et des bâtons de marche
Cette même section ne nous a pas trop semblé difficile parce qu’on avait, oui, de bonnes bottes, mais aussi, des bâtons de marche. OK ce n’est pas la chose la plus le fun à traîner dans ses bagages, mais ça fait toute la différence en rando.
Des vêtements pour toutes les conditions météorologiques
Son nom le dit : alpine. En montagne. Là où les conditions météo sont variables. Où l’on peut se faire surprendre et voir notre belle randonnée se transformer en aventure désagréable.
Pour vous donner un exemple… J’ai commencé avec des leggings sous mes pantalons et ma veste en duvet par-dessus un chandail à manches longues. Avant d’enlever les leggings et de terminer en t-shirt. Pour remettre la veste et ajouter mon coupe-vent imperméable. Et mettre mes gants. Pour ensuite revenir en t-shirt.
Sur le site du Department of Conservation (le lien pour le trek que je vous ai donné plus haut), on nous avertit qu’on peut rencontrer de forts vents, de la pluie et même de la neige, y compris durant la période estivale.
Pensez aussi à apporter de la crème solaire, des lunettes fumées et une casquette. Une tuque peut être bien aussi, car le vent m’a forcée à porter mon capuchon sur une partie du trek. Et une petite trousse de premiers soins peut être utile.
Oh et prenez un bon sac à dos, idéalement qui a une ceinture de taille pour enlever le poids de sur vos épaules. J’ai remarqué que j’avais toujours mal au haut du dos et dans le cou le lendemain de longues randonnées avec mon 20 L (qui ne s’attache pas à la taille). Et après une vingtaine de kilomètres, même le plus hot des petits sacs peut devenir inconfortable. On a pris mon 50 L (qui est fait quand même petit), qu’on portait à tour de rôle.
Beaucoup d’eau et en masse de nourriture
Ce sont plusieurs heures de marche. On monte jusqu’à 1 868 m. C’est exigeant physiquement. Et plus on monte, plus il est important de conserver une bonne hydratation. Et si le soleil est de la partie, il est doublement important de rester bien hydraté.e.
On avait donc beaucoup plus d’eau que nécessaire et des électrolytes. Pour ce qui est de la nourriture, on a été OK avec notre déjeuner, notre dîner et nos collations, mais on aurait pu avoir quelques barres et noix de plus. Ça prend peu de place et ça donne de l’énergie rapidement.
Un cellulaire en cas d’urgence
On n’a pas eu besoin de faire d’appel, heureusement. Et je ne peux pas dire si le réseau était bon partout. Mais c’est toujours mieux d’avoir un cellulaire avec une carte SIM active avec soi. Au cas. Surtout qu’il s’agit d’une zone volcanique. Sur le site du Department of Conservation (DOC), on peut lire qu’une éruption n’est pas impossible.
Une lampe frontale
On a pris l’habitude de toujours avoir une frontale avec nous pour les randonnées qui peuvent durer jusqu’en début de soirée. L’an dernier, on avait dû en terminer une à la noirceur à Abel Tasman, et sans frontale, ça semblait moins agréable. Oui, le cellulaire est une option, mais ma frontale éclaire tellement mieux! Et après une journée de prise intense de photos, j’aime mieux conserver le reste de batterie que j’ai sur mon cell au cas où j’aurais besoin de m’orienter ou de passer un appel.
Du papier de toilette
Il y a des toilettes sur le sentier. Ma mémoire fait défaut ici, à savoir s’il y avait du papier ou non. Mais c’est toujours mieux d’en avoir avec soi. Et du Purell.
Quelque chose pour prendre des photos
Parce que les paysages sont sublimes. (Tellement que c’est une photo de cette journée qui a été mon fond d’écran de cellulaire pour plusieurs mois ensuite, malgré le fait qu’on voyage et qu’on voit plein de superbes paysages.)
On avait nos cellulaires, qui prennent des photos de qualité. Si vous trippez photo, apportez votre bon appareil. Et même si les images prises à partir d’un drone seraient superbes, les drones sont interdits.
Le Tongariro Alpine Crossing, NZ | Le niveau de difficulté
Deuxième conseil : ne pas prendre ce trek à la légère.
Ce n’est pas une petite marche facile.
Il y a des sections à pic. Des sections glissantes. Des sections boueuses. On marche parfois sur des roches volcaniques lousses. Qui donnent l’impression qu’on s’enfonce plus qu’on avance. Et qui, lors de descentes, peuvent être très sournoises.
Après 5 km, on croise une pancarte d’avertissement. Que j’aurais aimé avoir dans mes photos là là. Mais ça disait quelque chose comme « La section facile est terminée. Si vous l’avez trouvée difficile, rebroussez chemin ». Tellement encourageant! Mais vrai également.
Il y a d’autres pancartes qui présentent le nombre d’évacuations qui ont lieu sur ce trek. Encore moins rassurant. Mais un pilote d’hélicoptère rencontré par hasard, dont le travail est de faire ces évacuations, nuançait en disant que c’était surtout des gens mal préparés qui étaient évacués. Qu’avec le bon équipement, les risques de blessure ou de déshydratation étaient grandement diminués.
Le Tongariro Alpine Crossing, NZ | Le trek en soi
Difficile d’imaginer tant d’évacuations alors qu’on en est qu’aux premiers kilomètres. Parce qu’en effet, ça commence doucement. Un sentier aménagé, pas trop de dénivelé. On voit le volcan. On prend plein de photos.
Troisième conseil : prendre son temps.
Parce que les paysages et le sentiment de bien-être qu’on y ressent méritent qu’on prenne le temps.
C’est lorsqu’on arrive dans le premier cratère qu’on commence à avoir des flashs du film! Quel film? Le Seigneur des anneaux! Parce que, comme Frodon et Sam, on est en train de traverser le Mordor. Et on comprend pourquoi Peter Jackson a choisi ces lieux pour incarner le Mordor. Le paysage lunaire, les vastes étendues de roches volcaniques, les vapeurs qui s’échappent du sol par endroits. Tout évoque la terre désolée de Sauron imaginée par Tolkien. Ces flashs m’ont suivie une bonne partie de la journée. Comme si Gollum allait sortir de derrière une roche à tout moment.
On arrive enfin au cratère rouge. C’est là qu’on aperçoit les lacs. Les Emerald Lakes (Ngā Rotopounamu – lacs aux reflets de pierre verte) et le Blue Lake (Te Wai Whakaata o Te Rangihīroa – le miroir de Rangihīroa). La couleur de ces lacs est irréelle.
Attention toutefois. Le DOC mentionne que, par respect pour la culture maorie, il est préférable d’éviter d’entrer en contact avec les cours d’eau du parc national Tongariro, ou d’en gravir les sommets. J’ai lu que le Blue Lake est sacré, et qu’on devrait même éviter de boire ou de manger tout près. Je ne sais pas si cela s’applique également aux Emerald Lakes. Mais dans le doute, on reste dans les sentiers. C’est plus simple de même!
Le Tongariro Alpine Crossing, NZ | Infos pratiques
Se rendre au début du trek
Quatrième conseil : y aller durant la saison estivale.
Pour profiter du service de navettes. Et pour voir les lacs.
Ce trek d’un jour n’est pas une boucle. Et est beaucoup trop long pour faire l’aller-retour en une journée. Ça demande donc de prévoir la chose. Il existe différentes options.
Un. Stationner au point de départ du trek et revenir sur ses pas à la moitié du trek.
C’est à partir du cratère rouge (après 8 km de marche) qu’on a les plus belles vues. Je pense que plusieurs personnes se sont rendues là et ont ensuite rebroussé chemin. Je pense. Parce que je crois les avoir vues au cratère rouge, mais pas descendre vers les lacs. Toutefois, je crois qu’il y a des restrictions pour le stationnement durant la saison estivale, comme un maximum de 4 heures. Donc ce n’est peut-être pas l’idéal. Je vous conseille de vérifier.
Mais il y a aussi de plus courts treks à faire. Comme celui qui se rend aux Soda Springs. Je recommande tout de même le trek au complet! Avec une des options suivantes.
Deux. Prendre une navette aller-retour à partir de votre hébergement (ou autre stationnement).
C’est pratique, mais… On a vu des gens, à la fin du trek, assis dans la navette, à attendre d’autres randonneurs qui n’avaient pas encore terminé. J’aime pouvoir prendre mon temps. Je n’aime pas faire attendre les autres et encore moins être celle qui doit attendre. Donc cette option était un non pour moi.
Trois. Notre option a été celle-ci : une navette aller simple. De notre van, laissé à la fin du trek, vers le point de départ du trek.
Comme ça, on va à notre rythme. Et on retrouve notre maison sur roues qui nous attend gentiment à la fin, en sécurité, dans un stationnement officiel. Simple de même. Et une chance, parce qu’on a tellement pris de photos et notre temps, qu’on était les (avant-) derniers sur le trek. (La déception dans les yeux des gens entassés dans la navette quand ils ont réalisé qu’on n’était pas les retardataires qu’ils attendaient…)
Quatre. Se faire son propre shuttle.
À noter, le service de navettes fonctionne uniquement durant la saison estivale. Je sais que des gens parlaient d’y aller à deux voitures et d’en laisser une à chaque extrémité. Je crois que les stationnements sont ouverts durant l’hiver, sans restriction de temps, mais je vous suggère de vérifier ça.
Et si les conditions hivernales ne rendent pas ce trek trop dangereux. Je crois qu’il faut être équipé.e pour des conditions hivernales et savoir quoi faire en cas d’avalanche.
Et si les lacs sont tout de même visibles et impressionnants. J’ai lu qu’ils gelaient l’hiver. Et s’il a neigé, ils doivent ressembler à nos lacs au Québec en hiver…
Je vous laisse vérifier tout ça. Mais je le répète : la saison estivale est probablement la meilleure période. Ou encore mieux : faites comme nous. On y était quelques jours avant la fin de la saison, fin avril. Il y avait peu de gens et les conditions étaient superbes. Un peu froides au plus haut point. Mais c’était loin d’être l’hiver.
N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire si vous l’avez testé à d’autres moments de l’année.
À noter! Je viens de voir qu’il sera désormais nécessaire de réserver son droit d’entrée auprès du DOC. Gratuit, pour le moment.
Quand y aller?
Cinquième conseil : vérifier la météo.
Parce que s’il ne fait pas beau, l’expérience ne sera pas la même.
On vient de parler de la saison, mais il est aussi important de vérifier la météo pour la semaine (chose que j’oublie parfois de faire). Parce que la ligne est mince entre les photos de lacs splendides et celles du mur de nuages.
Et avec les conditions météo qui changent rapidement en montagne, mieux vaut choisir une journée où la base est ensoleillée.
Je sais que ce n’est pas toujours possible d’attendre LA journée parfaite. Surtout quand nos journées sont comptées. Mon conseil serait de prévoir différentes activités pas trop loin, moins dépendantes de la météo, dans les jours avant et après pour pouvoir modifier l’horaire à la dernière minute.
Résumé des points techniques
Distance parcourue : 22 km
Durée : 8 heures, incluant nos arrêts
Coût : environ 50 $ CA chaque pour la navette – en 2024
Heure de la navette : 8 h
Hébergement : ↓
On a dormi à Turangi, une petite ville à 20 minutes en auto du stationnement du Tongariro. On a trouvé un hébergement qui a des chambres doubles, des dortoirs et des terrains de camping. Avec le froid qu’il faisait, on a délaissé le van pour 2 nuits! On a dormi là la veille, vu qu’on devait être au point de rencontre de la navette assez tôt le matin. Et le soir même. On s’est dit qu’un bon lit dans une pièce chaude, avec peu de route à faire pour s’y rendre, serait apprécié après cette longue rando. Et on n’avait pas tort!
Alors, est-ce que ça vaut la peine?
TELLEMENT.
Le Tongariro Alpine Crossing en NZ, c’est beau. C’est une randonnée qui vous fait traverser des paysages si variés et si spectaculaires qu’ils ont servi de décor au Mordor dans le Seigneur des anneaux. Ce n’est pas rien.
Mais attention : respectez vos limites, préparez-vous bien, et choisissez une belle journée.
Et n’oubliez pas de prendre le temps de vous arrêter. De respirer. D’observer. De remarquer à quel point c’est beau. Et à quel point on a de la chance d’être là. (Et de marcher tous ces kilomètres!)
On était épuisés quand on est arrivés à la fin, mais tellement fiers de nous.
(On ne savait pas encore dans quoi on allait s’embarquer quelques mois plus tard. Mais ça, c’est une autre histoire!)