« Le choc culturel, est-ce que ça te fait peur? »
Oui, quand même. Et le choc de retour aussi.
J’en ai vécu un assez fort au retour de Madagascar, et je n’étais partie que 3 mois. Qu’est-ce que ce sera si on ne revient que dans 12 mois?
C’est vrai que je n’avais pas trop mis les chances de mon côté lors de mon arrivée à Madagascar. J’étais brûlée et au milieu d’un déménagement que je gérais… depuis Mada. Vraiment pas l’idéal.
Je suis rapidement tombée dans le creux de la courbe, direct dans le choc culturel, alors que mes partners de voyage étaient encore dans leur lune de miel.
Je me souviens… On était dans notre transport, on venait juste de quitter l’aéroport. Les autres s’émerveillaient devant ce qu’ils voyaient. J’avais la tête accotée sur la vitre, je regardais à peine le paysage et je me demandais :
Mais qu’est-ce que je fais ici?!
(OK, « faire » n’est pas exactement le verbe que j’avais en tête à ce moment-là… ça sonnait un peu plus québécois. 🙃)
Des symptômes de choc culturel
Une grosse réaction allergique et une infection bactérienne plus tard (tout ça dans la première semaine), j’ai commencé à découvrir mon nouvel environnement.
J’étais clairement en choc : de mauvaise humeur, à m’impatienter pour un rien. Je n’étais pas moi-même et je ne comprenais pas pourquoi.
Une réaction normale lorsqu’on ne se reconnaît pas : trouver le coupable.
Qu’est-ce qui me met de cette humeur? Qu’est-ce qui fait que je m’impatiente?
Dans mes différentes expériences à l’étranger, j’en ai vu, des coupables. Les miens, mais aussi ceux de mes partners de voyage. Cela peut aller de l’humidité de l’air aux enfants qui veulent nous saluer, en passant par une personne en particulier, la présence d’insectes ou le coucher du soleil. Parce que tout le monde sait ça : ça met de mauvaise humeur quand il fait noir tôt.
Alors qu’en fait, il n’y en a pas, de coupable.
On est dans un autre pays, on est confronté.e à des différences. Parfois celles-ci viennent challenger nos valeurs, nos croyances. Et une adaptation se met en place.
C’est ce moment de transition, ce moment où l’on perd nos repères, qui peut être difficile à vivre. Le mot clef : c’est temporaire.
Le choc culturel n’est que temporaire
On ne se sent pas bien, et on cherche pourquoi. La raison : on est en train de vivre un combat intérieur. Est-ce que je juge ce que je vois, est-ce que je me referme sur moi parce que JE détiens la vérité? Mais si je suis ici pour 3 mois, je vais trouver le temps long longtemps si je ne m’ouvre pas un peu à cette réalité…
Je ne veux pas non plus mettre de côté qui je suis, mes valeurs, mes croyances. Mais je peux faire preuve d’une certaine ouverture, essayer de comprendre pourquoi c’est ainsi. Et tomber en mode observateur plutôt que juge. Je constate la différence, je prends ce qui me plaît, je conserve un détachement avec ce qui me plaît moins.
C’est là que s’effectue l’adaptation. Et veux, veux pas, j’évolue.
Et c’est ça qui me fait peur.
Après le choc culturel : le choc du retour
Car quand je rentre à la maison, j’ai changé. Le regard que je porte sur mon ancien quotidien a changé.
Je reviens dans ma vieille routine, qui peut donc bien me paraître ennuyante (pas que ma routine est ennuyante, mais tsé, si je compare au voyage, ça bouge moins disons). Après avoir vécu dans des conditions différentes, je peux me laisser affecter par l’omniprésence de la consommation. Par le métro-boulot-dodo, qui peut sembler oublier l’humain, et le moment présent. Alors qu’en voyage, j’avais tout le temps de prendre le temps avec les autres. Et je n’avais avec moi que mes biens essentiels.
Face à ces constats, cela peut être paniquant. Parce que là, ce ne sont pas 3 mois que je vais passer dans cet environnement, c’est le reste de ma vie.
En partant à l’étranger, là au moins je m’attendais à voir des différences, à vivre une adaptation. MAIS PAS EN REVENANT À LA MAISON! Je devrais revenir dans du connu, dans mon petit confort! Je n’ai pas envie de recommencer tout ce processus d’adaptation. Parce qu’on ne se le cachera pas, c’est quand même exigeant!
Mais oui, c’est le même bal qui recommence. Je ne me sens pas bien et je cherche un coupable.
Cela peut être la routine de notre famille, notre conjoint.e, notre employeur, notre quartier… (On se souvient, ce n’est pas un vrai coupable…)
Plusieurs vont faire de gros changements à ce moment. Quitter leur emploi, leur conjoint.e, déménager, repartir à l’étranger.
Est-ce le nouveau moi qui prend des décisions en cohérence avec qui je suis? Parfois oui.
Est-ce le moi déstabilisé par ces constats qui tente de fuir? Parfois aussi oui.
Un conseil : se donner du temps. Le temps de revenir, de s’adapter à ce nouvel environnement qu’est notre vieil environnement.
Si le nouveau moi doit prendre de grosses décisions, je lui dirais d’attendre un peu.
Jusqu’à quand?
Jusqu’à ce que je me sente à nouveau chez moi.
Et là, seulement là, si je crois toujours qu’il est préférable de changer d’emploi, vendre ma maison, déménager en campagne… alors là seulement je ferai le move.
La courbe d’adaptation
Qu’on arrive à l’étranger ou qu’on revienne à la maison, la courbe d’adaptation est la même. Les étapes se suivent, parfois avec une lune de miel, parfois sans. L’adaptation n’est pas un long fleuve tranquille. Une journée on va bien, le lendemain on vit une frustration face à ce qu’on voit. Un jour à la fois.
Et je ne suis pas psychologue, mais j’ai remarqué que je vis cette courbe pour tout changement. Un déménagement, un nouvel emploi, un deuil, un long congé…
Mais tsé, ça, je le remarque après coup…
Si seulement je pouvais penser live de me dire que tout ça, c’est temporaire. Et qu’avec le temps, ça va aller mieux.
Quoi faire quand ça ne va pas?
Des ressources existent pour nous accompagner au retour.
Mais les meilleures que j’aie trouvées, ce sont mes ami.e.s. Et celles et ceux qui ont vécu des expériences de voyage semblables sont souvent les oreilles qui comprennent le mieux comment j’ai besoin d’être écoutée.
They can relate. 💛
6 Responses
Excellent article chère amie!!!
Ça me rappel bien des souvenirs et des expériences difficiles, mais tellement belles à la fois!!
Merci pour tes partages!
Merci Dom! Tellement de beaux souvenirs!
Très bel article qui porte à réflexion en ce début d’année, merci à toi
Merci Sherley!💛
Très beau texte Liliane comme tu écris bien! Bon retour au Quebec j’ai bien hâte de te revoir au mois d’avril Take care! 😁💜
Merci Die! À bientôt! 💛